En Nouvelle-Aquitaine, la difficile survie des petits abattoirs de proximité
Depuis plusieurs mois, les abattoirs de Bazas (Gironde), de Bergerac et d’Eymet (Dordogne) enregistrent des difficultés. Pour celui de Bazas, la liquidation est actée. Pour les deux autres structures périgourdines, l’avenir s’éclaircit.
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Le 8 octobre 2025, le tribunal de commerce de Bordeaux a prononcé la liquidation judiciaire de la société d’abattage de Bazas (Gironde). Avant cela, la communauté de communes du Bazadais avait pris des mesures depuis 2020, pour maintenir cet outil de proximité : baisse des charges énergétiques, annulation de certaines dettes. La fermeture de l’abattoir, depuis le début de septembre 2025 (560 tonnes de janvier à août 2025), est un coup dur pour les éleveurs du sud de la Gironde et des départements limitrophes. Et pour des producteurs comme Myriam Carraz, éleveuse de moutons, de bœufs et de porcs qui commercialise sa production en circuits courts, c’est une catastrophe : « Je vais à Bergerac, cela génère des frais énormes pour l’exploitation et me fait perdre du temps. Je vais devoir augmenter mes tarifs. » Comme d’autres, elle s’accroche à un espoir de reprise par les éleveurs et les bouchers via la création d’une coopérative.
Réouverture d’Eymet, le 3 novembre
Les éleveurs sont contraints de se replier vers d’autres structures : l’abattoir privé de Bègles (Gironde) ou l’unique abattoir du Lot-et-Garonne, à Villeneuve-sur-Lot. Certains vont à Eymet (Dordogne), à près d’une heure de route. Mais cet établissement est fermé depuis le 18 septembre 2025. « Contre toute attente, c’est un des rares abattoirs de proximité avec un agrément multi-espèces et une seule chaîne d’abattage, qui demeure rentable et n’a pas de dette. Il devrait rouvrir, après une période de travaux et avec de nouveaux salariés », précise Jacques Chèvre, de la Confédération paysanne qui suit ce dossier. Le petit établissement qui emploie six personnes (5 ETP), appartient à la mairie et est exploité par une société via une délégation de service public. « On devrait pouvoir rouvrir le site, le lundi 3 novembre avec les personnels et un plan sanitaire proposé à la préfète », confirme le maire d’Eymet, Jérôme Bétaille. Celui-ci indique que la commune a investi 500 000 euros pour la rénovation de la stabulation. Cet investissement va être complété par une somme de 100 000 euros pour d’autres travaux prévus au début de novembre. En décembre 2023, cet abattoir traitait 900 tonnes par an. À la suite de la perte d’un gros abatteur, les volumes étaient tombés à 450 tonnes par an. Avec la fermeture de Bazas, les volumes devraient atteindre à nouveau les 900 à 1 000 tonnes par an.
L’avenir de Bergerac s’éclaircit
En Dordogne, un autre abattoir enregistre des difficultés financières depuis plusieurs années : il s'agit de l’abattoir de Bergerac (Dordogne), avec un déficit cumulé estimé à 570 000 euros. Une situation compliquée alors que la structure a réussi à augmenter son chiffre d’affaires de 5 % en 2024, passant à 1,922 million d’euros et que le tonnage a progressé (environ 6 000 tonnes par an). Le 30 septembre, toutes les parties se sont retrouvées autour d’une table. À l’issue de cette réunion, Rémi Dumaure, président de la chambre d’agriculture, ne cachait pas sa satisfaction. « On est sur la bonne voie », avance-t-il. L’arrivée d’un partenaire privé au sein du capital a redonné une bouffée d’oxygène. « Sans rentrer dans les détails, nous sommes rassurés. » La ville de Bergerac, la communauté d’agglomération bergeracoise, l’État, la Région et le département s’engagent à participer financièrement à la rénovation de l’abattoir, estimée à 3,5 millions d’euros. Les travaux devraient commencer l’an prochain.
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